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Maîtriser le garrot en randonnée pour une sécurité maximale

Que vous soyez un amateur de randonnée occasionnel ou un aventurier chevronné, comprendre comment utiliser correctement un garrot tourniquet en milieu sauvage peut être la compétence qui fait la différence entre la vie et la mort lors d'une situation d'urgence en pleine nature. Medisafe vous guide dans votre choix du garrot et des équipements essentiels à avoir sur soi.

Sommaire
    Publié le 22/01/2024, mis à jour le 22 février 2024
    6.5 minute(s) de lecture
    Par Orianne
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    Qu’est-ce qu’un garrot ?

    C’est une solution de compression qui permet d’interrompre la perte de sang face à une hémorragie artérielle trop importante et uniquement si des méthodes de compression hémostatique plus légères (à l’aide d’un pansement israelien ou de celox granulés hémostatiques) ne sont plus suffisantes. La technique du garrot doit être réservée aux secouristes, militaires et autres services tactiques… les particuliers ne doivent l’utiliser que pour faire face à des situations d’extrême urgence et lorsque l’arrivée des secouristes ( pompiers, ambulances, SAMU) sur le lieu d’intervention se fait attendre et qu’il y a un risque vital. On peut dire que ce n’est pas un geste de premiers secours, mais plutôt un geste de dernier recours.

    Le principe est de comprimer l’artère contre l’os via les tissus afin de stopper la microcirculation et macrocirculation des vaisseaux sanguins dans le membre touché par l’hémorragie. On parle de « compression à distance ». La technique du garrot ne peut pas être utilisée pour des hémorragies externes de la tête et du torse. La pose de garrot est donc utilisée pour faire face à une hémorragie de l’artère fémorale (de la jambe), artère axillaire ( du bras) ou de l’artère humérale (du bras également) présentant un fort saignement.

    L’initiation à la technique du garrot pour un non-médecin est enseignée en France dans le cadre des formations PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1) et SST ( Sauveteurs Secouristes du Travail) depuis février 2017 et suite à une réflexion du Ministère de l’Intérieur concernant les actes de secourisme lors des attentats de 2015. Avant ça, la pose de garrot n’était pas enseignée dans les initiations grand public en raison des risques que fait encourir cette technique à la victime.

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    Le garrot, un indispensable en extérieur

    En plein air, où les secours peuvent être éloignés et les conditions souvent imprévisibles, savoir appliquer un garrot de manière adéquate peut être une compétence vitale. Lorsqu’une blessure grave survient, entraînant un saignement abondant, un garrot correctement appliqué peut stopper efficacement la perte de sang, fournissant ainsi un délai précieux jusqu’à l’arrivée des secours médicaux. Cependant, il est impératif de maîtriser les bonnes pratiques, car une utilisation incorrecte peut entraîner des complications supplémentaires.

    Comprendre l’importance du garrot en milieu sauvage va au-delà de simplement en avoir un dans votre trousse de secours. Voici quelques points clés à considérer pour maximiser l’efficacité de cet outil vital :

    • Choix du Matériel : Optez pour des garrots spécifiquement conçus pour une utilisation en extérieur. Ils doivent être durables, ajustables et faciles à mettre en place, assurant une réponse rapide en cas d’urgence.
    • Technique Appropriée : La manière dont vous appliquez un garrot est cruciale. Un serrage excessif peut causer des dommages supplémentaires, tandis qu’un serrage insuffisant peut ne pas stopper le saignement de manière efficace. Une formation adéquate est essentielle pour maîtriser cette compétence.
    • Formation Essentielle : Suivre une formation de premiers secours complète, comprenant l’utilisation du garrot, est indispensable. La pratique sous la supervision d’un professionnel garantit que vous êtes capable d’appliquer cette technique de manière appropriée lorsqu’une situation critique se présente.
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    Comment faire un garrot d’urgence ?

    Un garrot ne peut être posé qu’en cas d’hémorragie (sur un membre inférieur comme supérieur). Il ne doit jamais être posé directement sur une plaie ou sur une articulation. Il est recommandé d’allonger le patient au sol en position horizontale afin de retarder autant que possible l’état de détresse qu’engendre une perte d’hémoglobine conséquente.

    La pose d’un garrot par un particulier doit se faire après avoir joint les secours ( Pompiers : 18 ou 112 / SAMU : 15).

    1. Il faut analyser la nature de la plaie pour être certain que la pose d’un garrot est la seule solution. Il est conseillé de faire en sorte que la victime ne regarde pas la blessure, afin d’éviter un malaise.
    2. Si possible, appliquer des compresses stériles sur la plaie afin de limiter un écoulement et éviter la perte d’un caillot sanguin.
    3. Mettre la sangle du garrot tactique, à cliquet ou pneumatique entre la plaie et le coeur afin de freiner l’afflux sanguin.
    • Pour un membre supérieur : il doit être posé 3 doigts en dessous de l’épaule autour du complexe biceps triceps pour stopper la circulation sanguine au sein de l’artère axillaire.
    • Pour un membre inférieur : il doit être posé autour de la cuisse à proximité du point de compression fémoral dans le pli de l’aine, pour comprimer l’artère fémorale contre le fémur.
  • Le resserrer grâce au dispositif prévu à cet effet (cliquet ou poignée de pression pour un garrot tourniquet). Il est possible de mordre la sangle pour la contracter tout en utilisant les deux mains simultanément.
  • Noter l’heure de pose, soit directement sur le front de la victime, soit sur le garrot. Cette donnée est primordiale pour la suite des soins de santé et la prise en charge par l’équipe médicale qui retirera le garrot.
  • Une fois posé, il est conseillé de faire boire de l’eau à la victime afin de l’hydrater. La victime peut être couverte à l’aide d’une couverture de survie, mais le membre touché ne doit pas être couvert afin qu’il soit toujours identifiable par les sauveteurs et secouristes.

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    Quand faire un garrot ?

    Poser un garrot est un acte à réaliser uniquement pour faire face à un risque d’urgence vitale et arrêter une hémorragie externe grave d’un membre. Il ne faut utiliser cette technique que lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions et que les techniques de compression à l’aide de bandes, de compresses, de celox ou d’un pansement compressif et que la compression manuelle ne suffisent plus à freiner l’effusion d’hémoglobine. Il faut également l’utiliser s’il y a nécessité d’avoir les mains libres pour prodiguer d’autres soins.

    Les situations suivantes peuvent amener à l’utilisation d’un garrot :

    • Une seule personne doit faire face à un afflux de personnes blessées. Elle peut alors utiliser un garrot sur les plaies avec hémorragie externe afin de gagner du temps en attendant des secours et venir en aide aux autres victimes ou alerter les secours.
    • Pour faire face à un syndrome d’écrasement si une personne a gardé un membre bloqué sous un objet lourd ou des décombres durant un laps de temps trop important.
    • Lorsque la personne est incarcérée dans un véhicule lors d’un accident de la route et que la désincarcération doit attendre l’appui de pompiers.
    • Lorsque la blessure est inaccessible.
    • Lorsqu’il y a un objet planté dans la victime.
    • Lorsqu’il y a une amputation.
    • Lorsque le danger est persistant.

    On recense deux types d’hémorragies externes pouvant nécessiter la pose d’un garrot :

    • Une hémorragie artérielle lorsque le sang gicle et tend vers le rouge vermeil.
    • Une hémorragie veineuse lorsque le sang est rouge sombre et s’écoule par nappes.

    Les garrots pour infirmiers et chirurgiens

    Le garrot, d’une manière plus légère est également utilisé en tant qu’acte médical par exemple pour permettre un grossissement d’une veine pour une prise de sang, une injection par voie veineuse périphérique ou un prélèvement. Il s’agit alors d’un geste infirmier, on parle de garrot élastique. Le niveau de compression pour un garrot infirmier est bien moins important que celui pour stopper un saignement.

    En bloc opératoire, les garrots sont utilisés lors d’une anesthésie locale pour empêcher la circulation de l’anesthésiant à travers l’ensemble du système circulatoire.

    Ils sont également utilisés en chirurgie orthopédique et chirurgie esthétique pour éviter l’afflux de sang dans un membre lors d’une opération chirurgicale.

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    Quels sont les dangers du garrot ?

    Si le garrot n’est préconisé qu’en dernier recours pour les personnes non-médecins, c’est parce qu’il présente une multitude de risques pour le patient. En théorie, un garrot ne devrait jamais rester plus de deux heures en place, un laps de temps généralement suffisant pour permettre une prise en charge de l’hémorragie par des professionnels de santé. C’est pour ces raisons que l’heure de pose doit être connue des sauveteurs afin de bien prendre en compte la situation de la victime lors du retrait médical de la solution de compression de l’hémorragie.

    Un garrot fait encourir les risques suivants :

    • une paralysie due à l’absence d’afflux sanguin sur une longue période ou à un écrasement du nerf.
    • une gangrène nécessitant une amputation en raison de la mort des cellules.
    • des troubles rénaux pouvant aller jusqu’au décès, si la durée de pose du garrot dépasse les quatre heures.
    • une nécrose des tissus.
    • des lésions nerveuses.
    • des fourmillements.
    • un dégât qui peut amoindrir les chances de greffe en cas d’amputation.

    Le retrait d’un garrot ne doit être fait que par des professionnels de santé et de secours en connaissance de l’heure de pose afin d’éviter un arrêt cardiaque lié à la libération de toxines. Le retrait présente un risque dû à une perturbation de l’hémostase, qui est le retour à une physiologie normale du sang. Le temps de pose conditionne le protocole de desserrage afin d’éviter le risque d’arrêt cardiaque lié à la concentration d’ion K+ entre le liquide intravellulaire et le milieu extracellulaire. Une équipe médicale formée saura desserrer le garrot progressivement afin de contrôler les ions K+ montant au cœur pour éviter l’arrêt cardiaque. Les autres effets secondaires à éviter sont la libération trop conséquente dans le sang de potassium et d’acide lactique.

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    Ce qu’il faut retenir

    • Choix averti du matériel : Optez pour des garrots adaptés à une utilisation en plein air, garantissant robustesse et facilité d’application.
    • Techniques précises : Maîtrisez les techniques essentielles d’application du garrot, en assurant un serrage équilibré pour stopper efficacement le saignement.
    • Formation continue cruciale : La participation régulière à des formations de premiers secours, sous supervision professionnelle, maintient une compétence vitale.
    • Réactivité en situation d’urgence : Agir promptement avec le garrot peut être décisif en randonnée. La préparation et la réactivité garantissent une sécurité optimale en plein cœur de la nature.

    En conclusion, investir du temps et des efforts dans la compréhension et la maîtrise de l’utilisation du garrot en milieu sauvage peut être une décision qui sauve des vies. En tant qu’aventuriers en plein air, votre sécurité et celle de vos compagnons de randonnée doivent toujours être une priorité. En suivant les conseils mentionnés, vous renforcez votre préparation pour faire face à d’éventuelles urgences médicales.

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    Publié le 22/01/2024, mis à jour le 22 février 2024

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